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Sophie Royer, Catherine Salles & François Trassard, La vie des Grecs au temps de Périclès, coll. « l’histoire au quotidien », Larousse, Paris, 2003, 191 pages
Cet ouvrage se situe à mi-chemin de ce que nous appelons un « beau livre » et de ce que nos collègues anglo-saxons appellent un « atlas », qui, comme chacun sait, est moins un recueil de cartes que d’images commentées et présentées selon une logique thématique : ici, on propose un inventaire à la Prévert qui mène de la famille à la guerre en passant par l’habitat, le vêtement, la nourriture, la société, la culture, la religion, le monde du travail et les échanges.
Comme les éditions Larousse en ont donné l’habitude, la facture est excellente : texte et présentation aérés, illustrations classiques de qualité, annexes utiles, avec cependant une bibliographie qui aurait mérité une page pleine et dont il serait trop facile de relever les déséquilibres et les manques.
La vie des Grecs au temps de Périclès est le quatrième ouvrage d’une collection consacrée à « la vie des gens d'autrefois dans leur intimité et leurs moeurs, loin de l'histoire traditionnelle des élites » (quatrième de couverture). Pour autant, pour reprendre en l’adaptant un aphorisme désormais célèbre, ce n’est pas toujours « la Grèce d’en bas » dont l’ouvrage dresse le tableau, ce qui est particulièrement sensible en ce qui concerne Sparte, dont les auteurs retracent, sans le dire, la seule vie quotidienne des “Omoioi (Homoioi : Egaux) qui sont loin d’être le petit peuple spartiate ! Les allusions aux autres composantes sociales spartiates sont vraiment anecdotiques (« périèque » n’est même pas dans le lexique, alors que « hilote » y est), et le tableau de la société athénienne n’échappe pas à cette déformation : ainsi, le gynécée, évoqué de multiples fois — et un peu trop présenté comme une prison, au demeurant — est pourtant inconnu des maisons populaires.
On regrettera par ailleurs quelques facilités : la « Grèce antique » qui ne naîtrait qu’au VIIIe siècle a. C. au moment ou s’ouvre une période d’ailleurs paradoxalement qualifiée de « renaissance » (p. 5), le concept de Grèce qui est utilisé de façon élastique et présenté tardivement (avant-dernier chapitre) et de façon discursive, une inévitable ( ?) concession à l’esprit du temps avec un chapitre sur la vie sexuelle qui commence par ne nous épargner aucun détail pour s’achever sur un discours emprunté sur l’homosexualité contredisant le titre… En fait, bien des approximations, dont la liste serait interminable à dresser, procèdent du fait que l’ouvrage est victime d’un traditionnel athénocentrisme mâtiné de non moins traditionnelles références ponctuelles à Sparte : l’ouvrage aurait certainement gagné à recevoir un titre moins ambitieux comme « la vie à Athènes et à Sparte au temps de Périclès ». Il n’y a cependant pas d’erreurs grossières, ce qui est déjà beaucoup pour un ouvrage de vulgarisation, et on en sera gré aux auteurs dont aucun n’est à proprement parler un spécialiste de la civilisation grecque, Catherine Salles étant plutôt tournée vers la sphère romaine, même si elle a donné deux synthèses sur les bas-fonds et la mythologie.
Au total, un ouvrage bien fabriqué, plutôt de bon aloi, mais destiné à un public de grands commençants et seulement pour se faire une idée des sociétés athénienne et spartiate.
M. Michel FAUQUIER
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