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Claude Mossé dir., Une Histoire du monde antique, coll. « Bibliothèque historique », Larousse, Paris, 2005, 479 pages

 

Cet ouvrage est la refonte d’un travail naguère dirigé par Jacques MARSEILLE. N’ayant pas eu connaissance de ce dernier travail, je me bornerai donc à juger le résultat : il n’est pas fameux et risque de véhiculer quantité d’idées reçues auprès du grand public, lequel est manifestement ici visé.

Ce travail est dû aux « meilleurs spécialistes » (quatrième de couverture) : on reste circonspect en lisant leurs noms, les illustres côtoyant les inconnus (p. 5). Peut-être les éditeurs seraient-ils inspirés de revenir à plus de modestie ? Comme par ailleurs, on ne sait pas qui a écrit quoi, il est difficile de rendre à César...

Sur le plan formel, relevons une composition de qualité, habituelle chez Larousse, mais qui a du mal à faire passer un dossier cartographique collé au hasard, quelques titres scandaleux (« Moyen Âge » pour désigner les phases de régression : p. 59 et 133), une bibliographie-prétexte et une chronologie générale éparpillée, sans moyen de repérage dans un sommaire placé entre la préface et la première partie ! Quant à la chronologie finale consacrée aux « régimes et dynasties », elle contient de belles curiosités, par exemple pour Rome (p. 468) : un « Tiberius Gracchus tribun du peuple (152-133) », une « révolte de Spartacus » (est-ce un régime, une dynastie… où la référence discrète au travail d’un des auteurs ?), un « premier triumvirat » sans guillemets…

Et que dire du contenu de certains chapitres qui défigurent un ensemble qui, sans cela, serait de bonne tenue (je pense aux synthèses très correctes sur la Grèce, l’Extrême-Orient…) ? Contraint à la brièveté, je ne prendrai que deux exemples : en premier, le chapitre sur les origines de l’homme, mauvais écho des travaux de Pascal PICQ, lequel écrivait : « le schéma tristement linéaire et hiérarchique qui fait se succéder une série d’ancêtres entre le chimpanzé et l’homme n’est plus » (Au Commencement était l’homme, Paris, 2003, p. 10). Qu’à cela ne tienne, sous le titre « un singe très inventif », l’auteur des pages 23 à 44 n’hésite pas à nous expliquer doctement que notre ancêtre supposé « ressemble à une sorte de souris », avant que ne lui succède un autre « de la taille d’un chat », commettant là un trait d’humour involontaire : le reste du chapitre se caractérise par le même vocabulaire approximatif. Second exemple, une présentation de Jésus-Christ (p. 357-362) qui doit tout au journaliste Jacques DUQUESNE… et bien peu de chose aux travaux historiques reconnus, alors qu’on trouve écrit, sans aucune distance critique que « le Bouddha accomplit le miracle de se multiplier un million de fois, en s’asseyant sur un lotus à 1000 pétales » (p. 275) ! Faudra-t-il s’habituer à ce traitement devenu habituel qui utilise deux poids et deux mesures pour distinguer implicitement les « bonnes » (celles des autres) de La « mauvaise » religion ?

Utilisé avec le plus grand esprit critique, cet ouvrage pourra rendre des services, mais, à vrai dire, il mériterait d’être une nouvelle fois refondu.

 

Michel FAUQUIER

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