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Jean-Claude GOLVIN et alii, L’Antiquité retrouvée, Errance, Paris, 2003, 191 pages

 

Il y avait sept Merveilles de l’Antiquité, il faudra désormais en compter une huitième avec l’ouvrage que les éditions Errance viennent de consacrer aux œuvres de Jean-Claude Golvin, publiées avec le concours de Gérard Coulon, Aude Gros de Beler et Frédéric Lontcho, sous le titre L’Antiquité retrouvée, et qui fait suite aux déjà très remarqués trois volumes, deux consacrés à L’Egypte ancienne (l’Egypte restituée) et un à la Gaule (Voyage en Gaule romaine).

Directeur de recherche au CNRS et fin connaisseur des sites archéologiques du pourtour méditerranéen dont il a parfois assuré la direction archéologique (Karnak), Jean-Claude GOLVIN présente ici une centaine d’images de sites antiques, connus et moins connus, restitués à un moment donné de leur histoire, avec un texte et une notice d’accompagnement, le tout groupé par région et précédé d’une carte permettant la localisation des sites. Il s’agit de vues panoramiques, à l’effet particulièrement impressionnant, surtout quand l’auteur use de son art pour donner une synthèse sans respect d’échelle (Pétra p. 25-27, Cyrénaïque p. 89, Gaule p. 161).

Homme d’expérience, l’éditeur prévoie dans une note préliminaire qu’il y aura des esprits chagrins pour trouver qu’il manque une colonne à un portique ou qu’il y a une statue de trop sur une place : mais est-ce à cela que prétend l’ouvrage ? n’est-ce pas plutôt à donner une impression d’ensemble pour faire revivre par l’image — et ainsi, par l’imagination — des lieux trop souvent assimilés par les profanes à des monceaux de pierres illisibles. Bien sûr il y a des hardiesses : ainsi, les pages consacrées à Babylone (p. 12-15), à Troie (p. 79-81), à Cnossos (p. 66-68 : mère de toutes les querelles en termes de reconstitution !) ou encore à Uthina (p. 107) seront certainement une nouvelle fois l’objet de commentaires, mais elles précisent honnêtement les partis-pris ; de même qu’il est peut-être téméraire d’affirmer que le caractère « chtonien » de la tholos de Delphes « ne fasse plus aucun doute » (p. 55) en dessous d’une image restituée qui télescope de façon dommageable les époques, mais, une fois encore en le disant clairement. Bien sûr aussi il y a des coquilles, elle sont fort peu nombreuses : p. 130 le repère 2 est doublé sur l’image, au contraire p. 148 il manque le repère 8, et p. 138 les notices 9 et 16 sont inversées, enfin Bilbilis (ville de Tarraconaise présentée p. 153) n’est pas repérée sur le plan d’accompagnement p. 154.

Tout cela n’est que broutille en face du travail colossal qu’ont supposé ces restitutions. Pour sa part, l’auteur de ces quelques lignes ne peut que faire partager l’éblouissement renouvelé à la découverte ou la redécouverte de chaque planche, dont l’utilité saute à proprement parler aux yeux de ceux qui savent le labyrinthe qu’est un rapport de fouille : tout à coup on comprend mieux comment fonctionnent les espaces, on saisit le jeu des volumes, on soupçonne la vie qui irrigue ces sites et on se plait à rêver qu’on accompagne ceux qui déambulent dans ces images. Face à tant de maestria, sera-t-il permis de souhaiter, à l’occasion d’une prochaine édition, qu’on ajoute de discrètes roses des vents et échelles indicatives sur les images pour en faciliter la lecture rendue parfois difficile par le choix d’un axe et d’une échelle nouveaux pour chaque vue ?

Désormais en plus de conseiller l’usage d’une bonne chronologie et d’un bon atlas aux étudiants en histoire antique, on leur recommandera d’utiliser « Le GOLVIN ».

 

M. Michel FAUQUIER
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